Menacées, les abeilles sont victimes de nombreux phénomènes prédateurs.
Dennis Van Engelsdorp, chercheur à l’université de Penn State en Pennsylvanie et Philippe Lecompte, apiculteur et président du Réseau biodiversité pour les abeilles, ont conclu que la disparition de ces charmants insectes est issue de plusieurs variables interdépendantes et nuit gravement à notre agriculture. On estime que le travail fourni par l’ensemble des pollinisateurs représente environ 153 milliards d’euros, soit 9,5% de la valeur de la production mondiale de produits agricoles. Pour rappel, sur les 100 espèces végétales qui fournissent 90% de la nourriture dans le monde, plus de 70 sont pollinisées par les abeilles.
Pourquoi les populations d’abeille diminuent ?
Le « syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles » se caractérise par une soudaine disparition de toutes les abeilles adultes d’une colonie. Constaté dès le milieu des années 1960, le phénomène s’est accéléré en Europe depuis 1998, particulièrement en Belgique, en France, en Italie, aux Pays-Bas, en Espagne et au Royaume-Uni. Le phénomène a été constaté dans de nombreuses autres régions du monde.
De quoi souffrent-elles ?
- Des pesticides agricoles qui peuvent affecter le sens de la direction, de la mémoire et le métabolisme des abeilles ;des bactéries, des virus et du Varroa qui détruisent les riches ou se nourrissent de leurs larves ;
- d’espèces invasives comme le frelon asiatique qui affectent les colonies ;
- du manque de nourriture (pollen et nectar) dans les paysages agricoles simplifiés où la présence de fleurs est limitée dans le temps et peu diversifiée ;
- de la régression et dégradation des espaces naturels et semi naturels, diminution des surfaces en légumineuses, expansion du maïs (qui ne produit pas de nectar) ;
- de la pollution de l’air qui interfère avec leur capacité à retrouver l’odeur des pollens ;
- du réchauffement climatique qui continue de s’aggraver.
Selon le rapport publié en mars par le Programme des Nations unies pour l’environnement (Pnue), il y aurait plus d’une douzaine de facteurs à l’origine de l’effondrement des colonies d’abeilles et des pollinisateurs en général.
Quelle(s) solution(s) ?
M. Van Engelsdorp reconnait qu’on a identifié soixante-quatre variables différentes, allant des pesticides aux modifications génétiques et agents chimiques, mais nous n’avons pas pu trouver LA solution ».
« Il suffit que 0,5 % de la zone de butinage des abeilles accueille des plantes diversifiées pour assurer les 2/3 de leur alimentation quotidienne », calcule Philippe Lecompte. Or nous avons, en France, 2 millions d’hectares mobilisables pour les abeilles, il revient donc aux agriculteurs de leur y laisser une place.
Le Réseau biodiversité pour les abeilles place beaucoup d’espoirs dans la Pac qui devra être revue en 2014, et qui permettra peut-être de favoriser ces solutions, faciles à mettre en place. Mais rien n’est pourtant encore tranché dans la réforme de la Pac.
La résolution prise, en novembre 2010, par le Parlement Européen a permis à la Commission européenne d’accroître son aide au secteur apicole dans le cadre de la politique agricole commune (PAC) après 2013. Il prévoit, également, un renforcement de la recherche indépendante sur la mortalité des abeilles, une réglementation sur les pesticides et les produits phytopharmaceutiques, pour permettre une évaluation des risques liés à l’exposition des abeilles à ces substances et culture et enfin la mise en place d’un plan d’action qui comporterait des pratiques agricoles respectueuses des pollinisateurs.
Les zones non agricoles doivent aussi être mobilisées, estime Philippe Lecompte, qui confie travailler sur un projet de partenariat avec RTE (Réseau transport d’électricité), qui dispose d’un réseau de 10 000 ha de tranchées forestières. »
La protection des abeilles suggère une gestion coordonnée et collective du problème afin de réduire avec efficacité l’ensemble des variables qui les menacent.